Responsables du projet : Marcello Vitali-Rosati
Coordinateur du projet : Servanne Monjour
Équipe : Erwan Geffroy, Julie Tremblay-Dévirieux, Marie-Christine Corbeil.
Ressources externes
- Le Carnet de voyage de Marcello Vitali-Rosati
- Les Postcards From Google Street view de Servanne Monjour
- La carte augmentée sur Open Street Map
- Les photographies d'Erwan Geffroy
- Notre présentation enregistrée à Calgary
Description du projet
La transcanadienne, cette route mythique qui traverse le Canada de la côte ouest à la côte est, a donné lieu à une série de productions médiatiques : des récits littéraires, des images, des vidéos, des cartes, des textes d’histoire, des données numériques (cartes numériques, fiche Wikipédia, etc.). En mai 2016, notre laboratoire de recherche (le Theolinum, laboratoire de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques) va traverser le Canada en suivant la transcanadienne, afin d’ajouter à l’ensemble de ces médiations notre propre expérience de voyage. La question que nous voulons poser est la suivante : quelle est la nature de cet espace ? Que représente-t-il et comment le pensons-nous ?
En effet, aujourd’hui, un premier réflexe consiste à chercher toutes nos informations sur le web, qui regroupe des renseignements historiques, des images, des récits, mais aussi des cartes. Ainsi, cet espace au demeurant relativement vide sur une carte traditionnelle, lorsqu’il est expérimenté à la fois physiquement par le voyage et médiatement par le web, se « remplit » très vite d’une série de valeurs, de symboles, de références cinématographiques et littéraires, de récits historiques et patriotiques. La question qui nous anime est alors la suivante : serait-il possible, pour emprunter l’idée de Perec qui tenta autrefois l’expérience à Paris, d’épuiser cet espace à la fois géographique et imaginaire de la Transcanadienne ? Sur un plan davantage théorique, que signifierait cet épuisement ? Procéderait-il en effet d’une forme d’hyper-représentation – un compte rendu dans les moindres détails de ce qui se trouve factuellement dans cet espace - ou bien au contraire d’une activité de production du réel ?
Pour répondre à ces questions, nous proposons de révéler l’espace de la transcanadienne en le questionnant à plusieurs niveaux. D’une part, nous en ferons l’expérience par le biais d’un voyage en voiture de Montréal à Calgary. Nous documenterons et nous raconterons notre traversée à l’aide d’une série d’outils numériques (écriture en ligne, photos, vidéos).
L’hypothèse que nous souhaitons démontrer est la suivante : le numérique constitue autant un outil de représentation que de production de l’espace. Il nous semble indéniable, en effet, que notre regard et notre expérience d’un territoire tel que celui de la Transcanadienne – de même que notre façon de l’organiser en l’écrivant – sont profondément structurés par les outils numériques et leurs agencements : les différentes sources, les cartes interactives, et l’ensemble des informations, données et documents que nous trouvons sur le web. En d’autres termes, notre façon de penser cet espace et de l’envisager passe par la médiation (souvent inconsciente) des outils qui le cartographient, le décrivent et le racontent en le remplissant d’images, de récits et d’informations.